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© Mutations : Jenner Onana     jeudi 13 août 2020 00:00     1732

Nommée le 10 août, elle aura, entre autres missions, de juger les présumés détourneurs de la fortune publique.

Impossible de rencontrer la nouvelle présidente du Tribunal criminel spécial (Tcs). En cette matinée du 11 août, hier mardi, Annie Noëlle Bahounoui Batende se trouve pourtant dans son bureau situé au troisième étage de l’immeuble siège de cette institution. Dans le bâtiment, ses collègues sont pourtant tout sourire. Dans l’un des bureaux du troisième étage, un homme, visiblement nouvellement promu, distribue des jus de fruit à ses collègues.

Excepté son arrivée dans son bureau aux premières heures de la matinée, aucune autre information ne fuite sur la nouvelle présidente du Tcs. « Elle ne peut recevoir », renseigne l’un de ses collaborateurs. Annie Noëlle Bahounoui Batende est la toute première femme à occuper le poste de président du Tcs, depuis sa création en 2011. Nommée le 10 août dernier par le président de la République après une session du Conseil supérieur de la magistrature, elle en devient, en effet, le troisième président.

Avant elle, Yap Abdou (2012-2017) et Emmanuel Ndjéré (2017-2020) ont occupé cette fonction. Au ministère de la Justice, précisément à la cellule de la communication, certains cadres avouent ne pas posséder des informations sur l’« Iron Lady » (La dame de fer). Pourtant, elle n’est pas une nouvelle venue dans la profession. Magistrat hors hiérarchie du premier groupe, elle occupait jusqu’à sa nomination le poste de vice-président du Tcs. Bien avant (2014), elle a été juge d’instruction au sein de la même instance juridictionnelle. C’est d’ailleurs en cette dernière qualité qu’elle s’est illustrée en plaçant en détention provisoire un ministre en fonction. Louis Bapes Bapes de regrettée mémoire, puisqu’il s’agit de lui, avait passé une nuit en cellule, avant d’être libéré le lendemain après « une intervention du chef de l’Etat ».

Beaucoup avaient alors prédit sa descente aux enfers avant de se rendre à l’évidence, face à sa fulgurante montée en grade, qu’elle avait des côtes solides. Originaire de Ndikinimeki, dans le département du Mbam et Inoubou (région du Centre), la nouvelle présidente du Tcs est titulaire d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (Dess) en droit. Cette ancienne élève du Lycée général Leclerc obtient le concours d’entrer à l’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature (Enam) en 1988. Elle en ressort deux ans plus tard et est intégrée dans le corps judiciaire. Elle va par la suite exercer comme substitut du procureur à Nkongsamba, avant d’être nommée présidente du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, dans le Littoral. Elle sera plus tard affectée à Mbalmayo (Nyong et So’o) où elle va exercer comme présidente des Tribunaux de première et grande instances.

Le 8 juillet 2010, Annie Noëlle Bahounoui Batende dépose ses valises à la Cour d’appel du Sud comme présidente. La fille de Léon Bahounoui, ancien directeur général des douanes et ancien directeur général de la Banque camerounaise de développement, partira de là directement pour le Tcs. Ce dernier a été créé pour juger des gestionnaires des fonds et autres hauts cadres suspectés d’avoir détourné les deniers publics à hauteur de 50 millions au moins.